Albert, l’IA de l’État français : un an d’existence et des critiques

En avril dernier, Gabriel Attal, qui était alors Premier ministre, présentait Albert, la nouvelle intelligence artificielle dont l’objectif affiché est « d’aider les agents de l’administration à mieux répondre aux demandes des Français ». À l’approche de son premier anniversaire, cet outil a pris de l’ampleur au sein de la fonction publique.

UNE IA BASÉE SUR L’OPEN SOURCE

C’est la direction interministérielle du numérique (Dinum) qui a conçu Albert à partir de technologies open source, notamment celles de Llama 3.1 de Meta et d’autres proposées par les Français de Mistral. Interrogé par l’AFP à ce sujet, Pierre Pezziardi, conseiller de la Dinum, explique qu’il s’agit avant tout de « ne pas dépendre de technologies outre-Atlantique ». Il précise : « La souveraineté est une vraie contrainte. Dans le moment géopolitique dans lequel on vit, on veut avoir la capacité de maîtriser nos données ».

DES USAGES TRÈS DIVERS

L’IA propose de nombreuses fonctionnalités, dont la rédaction automatique de texte, la synthèse de documents. Elle permet en outre de répondre à une question en partant d’un corpus de fichiers précis. Cité par Le Figaro, Ulrich Tan, chef du Datalab de la Dinum, ajoute à cet égard : > Albert a été conçu comme un assistant à destination des agents de l’État, et > non à destination des citoyens. En bout de course, les agents demeurent seuls > responsables de la relation avec les usagers. Dans un premier temps, le modèle a été utilisé par des conseillers volontaires de 48 maisons France Services. Ces dernières sont déployées partout sur le territoire pour aider les citoyens dans leurs démarches administratives. À noter d’ailleurs qu’Albert est aussi une interface de programmation (API) qui permet aux différentes administrations de programmer un produit d’intelligence artificielle. Ils bénéficient des algorithmes et de la puissance de calcul pour déployer des outils qui correspondent à leurs besoins. Les services des douanes, de la gendarmerie ou encore du ministère de la Culture ont notamment sauté sur l’occasion.

UNE IA CRITIQUÉE

L’AFP rapporte que France Travail (ex Pôle Emploi) a préféré collaborer directement avec Mistral pour mettre des robots conversationnels à disposition de ses agents. De même, la direction générale des Finances publiques développe sa propre IA et ne souhaite pas utiliser Albert. Les critiques de la part des fonctionnaires qui ont utilisé cet outil sont assez dures, certains expliquant que ses réponses sont moins pertinentes qu’une simple recherche Google. Quant aux syndicats, ils redoutent que l’IA ne fasse que complexifier les missions des fonctionnaires au lieu de les soulager des tâches chronophages. La crainte, probablement légitime, des agents publics est aussi que le gouvernement ne profite de l’automatisation des tâches pour réduire à terme le nombre de fonctionnaires.